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Ubutabera

Procès Biguma : L’amertume des survivants face à l’exclusion des massacres de Karama

Certains survivants du Génocide contre les Tutsi dans le district de Nyanza, en particulier ceux des anciennes communes de Muyira, Nyabisindu, Ntyazo et Muyira, affirment que le fait que Hategekimana Philippe, alias Biguma, ne soit pas jugé pour les crimes commis sur la colline de Karama rappelle aux survivants la difficulté d’obtenir une justice exhaustive.

Celui qui est debout s’appelle Sehene Ruvugiro Emmanuel , Un journaliste expert dans les reportages sur la justice et secrétaire de Paxpress.

Ils ont exprimé ces sentiments lors d’un interview avec des journalistes partenaires de PAX PRESS, une organisation des journalistes luttant pour la paix, interview méné du 03 au 4 décembre 2024 durant la descente à Nyanza.

Hategekimana Philippe, alias Biguma, qui était gendarme au moment du génocide, est actuellement jugé en appel par la Cour d’assises de Paris, en France.

En juin 2023, il a été condamné à la réclusion à perpétuité après avoir été reconnu coupable de crimes de génocide contre les Tutsi et de crimes contre l’humanité.


La semaine dernière, le président de la Cour d’assises de Paris, Jean-Marc Lavergne, a rappelé que le tribunal a pour mission de juger sur la base des preuves présentées par le parquet. Il a indiqué que l’accusé n’a jamais été interrogé sur les crimes commis à Karama, et qu’il ne pourrait donc pas être jugé pour ces faits.


Le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) a écrit que “le président a pris cette décision pour éviter de fournir des motifs ou des excuses aux avocats de la défense qui pourraient faire appel devant la Cour de cassation une fois le jugement rendu en appel.

Pour certains survivants, cette exclusion est injuste

Un survivant du génocide, résidant dans le village de Bugali, secteur de Ntyazo, a déclaré que des Tutsi avaient été massacrés sur la colline de Karama et que Biguma avait joué un rôle dans ces atrocités.

         Mbonyumuvunyi Manzi Gerald, Un journaliste expert dans les reportages sur la justice et secrétaire

Il a affirmé : « C’est très triste d’entendre qu’il ne sera pas poursuivi pour les crimes qu’il a commis à Karama, alors qu’il était le chef des massacres qui s’y sont déroulés. […] Biguma, les Interahamwe et les réfugiés burundais sont ceux qui ont tué les Tutsi de la colline de Karama. »

Il a poursuivi en disant : « Les attaques organisées par Biguma incluaient la mise en place de barrières, avec l’ordre que tout Tutsi du secteur de Ntyazo devait être tué et que ceux qui ne seraient pas trouvés devaient être pourchassés avec des chiens. Les maisons étaient pillées et le bétail consommé. »

Un autre survivant du génocide a ajouté : « Si les crimes commis à Karama ont été exclus, je pense que nous n’aurons jamais une justice complète dans ce procès. Beaucoup de Tutsi ont été tués à Karama, et Biguma a joué un rôle majeur puisqu’il a conduit l’attaque, composée également de Burundais. »

La position du président d’IBUKA dans le district de Nyanza

Jean Baptiste Niyitegeka, président d’IBUKA dans le district de Nyanza, a exprimé son espoir que Biguma soit reconnu coupable de génocide contre les Tutsi.


Jean Baptiste Niyitegeka, président d’IBUKA dans le district de Nyanza, reste cependant optimiste quant à la possibilité que Biguma soit reconnu coupable de génocide contre les Tutsi , même si les crimes commis sur la colline de Karama ne font pas partie des charges retenues contre lui. Il a affirmé que ce qui comptait était que la culpabilité de l’accusé soit prouvée.

Il a déclaré : « En tant que représentants de l’organisation qui lute pour des intérêts des survivants, nous avons confiance dans les preuves solides disponibles, qui devraient permettre de le condamner pour génocide. Bien que la colline de Karama ne soit pas incluse dans ce procès, ce qui nous importe, c’est qu’il soit reconnu coupable de génocide et qu’il en subisse les conséquences. »

Explication de l’avocat des parties civiles, Me Gisagara Richard

Me Gisagara Richard a expliqué les raisons pour lesquelles le tribunal a pris cette décision.
Il a expliqué que le tribunal de première instance avait déjà pris cette décision et que les crimes de Karama avaient été exclus de l’acte d’accusation pour se concentrer sur les autres faits de Nyanza.

Il a indiqué : « Cette décision n’est pas surprenante, car c’était déjà ce que le tribunal de première instance avait décidé. Les juges d’instruction avaient déclaré qu’il devait être jugé pour les barrières de Nyanza, les massacres sur les collines de Nyamure et Nyabubare, et les meurtres survenus à ISAR-Songa, mais pas pour ceux commis sur la colline de Karama. »

Me Richard Gisagara

Il a poursuivi : « Me Philipart et le CPCR, qui représentent des survivants de Karama, avait plaidé pour que ces crimes soient inclus, mais le tribunal a rejeté cette demande, affirmant qu’il se concentrerait sur les crimes commis sur la colline de Nyamure, bien qu’il soit connu que de nombreuses personnes réfugiées à Karama venaient de Nyamure. »

Depuis le 4 novembre 2024, Hategekimana Philippe est jugé en appel devant la Cour d’assises de Paris. Au total, 45 témoins doivent être entendus, incluant des parties civiles, des témoins de la défense et trois experts désignés par la cour. La conclusion du procès est prévue pour le 20 décembre 2024.

iriba.news@gmail.com

 

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